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StreetUrban Art Photography

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Dzia

A l’occasion du Manufactory Festival – un projet créé pour valoriser l’art urbain de la municipalité de Comacchio (Italie) – nous nous sommes entretenus avec Dzia, un artiste de rue belge, à la fin du premier des trois jours de travail. Après un dur labeur de 9h à 21h, les mains toujours sales et dans l’attente du bus qui le mènera à son dîner, nous lui montrons une sélection de photos illustrant son travail.

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© Robby Rent,
Comacchio (ITA), 2018

Nous aimerions commencer notre discussion à partir de l’image du renard que nous avons rencontré récemment dans le métro d’Anvers, la ville où ton voyage artistique a commencé, n’est-ce pas?
«C’est vrai. Je suis né dans l’est de la Belgique, mais j’ai vécu 17 ans à Anvers, où j’ai fréquenté la Royal Academy. Ma production, d’abord plus conceptuelle, s’est ensuite focalisée sur les interventions artistiques dans les espaces publics et les villes.»

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© Robby Rent,
Anvers (BEL), 2018

As-tu toujours voulu être un artiste?
«Bien sûr. Depuis que je suis enfant dans la famille, j’ai été bercé par l’art: mon père peint, ma mère travaille dans le monde de la mode, mon oncle est sculpteur et, depuis que que son atelier jouxte le jardin de notre maison, j’ai pu passé beaucoup de temps avec lui, principalement à modeler l’argile avec les mains. L’habileté et la sensibilité artistique, ainsi que la passion du dessin qui me distingue, ont été immédiatement remarquées par mes proches qui m’ont encouragé et soutenu dans mon désir de devenir ce que je suis.»

Le travail acharné porte toujours ses fruits, mais as-tu eu un plan B?
«J’aurais aimé être architecte. Cependant, je suis assez satisfait: au lieu de dessiner des bâtiments, ils m’appellent maintenant pour les embellir en les dessinant!»

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© Robby Rent,
Bruxelles (BEL), 2018

Parlons encore un peu d’Anvers. Nous avons remarqué que dans la ville, tu n’as pas laissé trop de traces, contrairement à d’autres collègues nés en périphérie, tels que ROA ou Bisser, dont nous avons cependant trouvé beaucoup plus de témoignages.
«C’est vrai, j’ai réalisé de nombreuses oeuvres sur les murs d’anciennes usines ou de bâtiments abandonnés, mais tout le temps dans les banlieues comme cet écureuil que tu as photographié à Lochristi. Je préfère les interventions spontanées, même les plus petites, et je pense qu’elles ont plus de valeur et d’impact si elles sont menées dans des petites villages plutôt que dans des grandes villes.»

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© Robby Rent,
Lochristi (BEL), 2018

Tu te souviens de ton premier mur?
«Bien sûr, j’étais petit! Comme beaucoup de monde, j’ai commencé avec le premier graffiti après avoir assisté à un jam-session organisé avec des artistes, comme celui de MANUFACTORY. Je n’étais qu’un enfant, j’avais environ 14 ans et j’étais littéralement étonné de voir ce que l’on pouvait réaliser uniquement avec l’emploi de bombes de peinture, en toute liberté d’expression et grâce à la diversité des techniques utilisées.»

Nous aimerions un instant entrer dans ton esprit pour comprendre quels mécanismes se produisent dès que tu es devant un mur que tu es sur le point de peindre.
«Tout se passe pendant environ 5 minutes: je rencontre le mur vide et je vois déjà comment l’animal peut interagir avec l’espace, alors je cherche la meilleure position pour obtenir un résultat dans une parfaite harmonie. Avant d’arriver, je me documente sur l’animal que j’ai choisi, en cherchant des photos et en parcourant des magazines sur la nature. Ensuite, lorsque je suis enfin près du mur, j’évalue la taille et le type de surface que j’ai en face de moi, mais comme je l’ai dit, tout est décidé dans l’instant, dans un bref délai. J’essaie d’établir un lien entre l’animal que je vais peindre et l’environnement qui l’entoure. Parfois, par la façon dont je le regarde ou grâce à une certaine position qu’il assume, je le fais parler

Comme dans le cas de ce rhinocéros fabriqué aux ex Officine Reggiane de Reggio Emilia?
«J’ai vu ce mur alors que je parcourais ce lieu et j’ai immédiatement visualisé le rhinocéros avec sa corne dans le trou. C’est arrivé en un instant et quand cela se produit, je suis obligé de m’arrêter et de peindre parce que cela signifie que l’idée est bonne.»

Nous te voyons toujours voyager, monter et descendre des avions. As-tu également le temps de visiter les villes où tu te trouves ?
«C’est l’une des choses les plus importantes. Pour le moment, c’est la haute saison et j’ai de nombreuses demandes. Je suis toujours sur la route. Je considère comme fondamental, comme dans ce cas, de trouver quelques heures pour bouger librement et laisser à proximité des œuvres spontanées cachées, œuvres pour lesquelles je ne dis souvent rien à personne, la surprise est donc plus grande pour ceux qui passent devant. De plus, je prends toujours le temps de visiter les villes et d’apprendre à connaître la culture du lieu où je me trouve.»

Peux tu nous annoncer par avance tes prochains projets? Vers où vas-tu t’envoler?
«Je rentre un peu chez moi, puis j’irai bientôt à Bristol, en Lituanie et en Espagne. Être en déplacement est très stressant, mais c’est aussi une occasion importante de rencontrer de nouveaux artistes et de voir d’anciens amis à chaque fois. En novembre, je ferai une exposition à la galerie GCA à Paris. Je pense donc que je passerai au moins le mois précédent en studio pour mieux préparer cette exposition.»

 

© Robby Rent
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Maria Chiara Wang